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Les rues s'en souviennent

* Clin d'oeil à la Madeleine de Jacques Brel :)

Ecouter la chanson

Ce matin, rue Vanderlind’
Ça sent le miel et la vanille
Et nul besoin de chercher bien loin
Pour deviner d’où s’échappe ce gourmand parfum
 
On la devine qui s’active
Depuis longtemps dans sa cuisine
Derrière sa fenêtre habillée de lilas
Sa silhouette se dessine, c’est qu’aujourd’hui, elle reçoit…
 
Qu’elle est jolie dans son tablier rose
Taillé dans l’étoffe de sa vieille jupe à volants
Qu’elle est jolie, il n’y a pas si longtemps
Elle enflammait, étincelle, les pavés de Bruxelles
Il n’y a pas si longtemps
Et les rues s’en souviennent…
 
Elle se réjouit déjà
De l’heure du goûter
Elle ne les voit plus si souvent que ça
Ses trois petits-enfants viennent prendre le thé
 
Dans un grand plat de porcelaine
Elle dépose ses petits gâteaux
Tout chauds, encore, et dorés et brillants
Ça les fera rigoler, comme toujours, qu’ils portent son nom
 
Qu’elle est jolie dans son tablier rose
Et dans ses cheveux blancs dansent des reflets d’argent
Qu’elle est jolie, on l’a aimée souvent
Mais jamais elle n’a connu l’amour si grand dont elle rêvait enfant
Et tout comme à vingt ans
Elle l’espère, elle l’attend…
 
Elle sort ses jolis napperons
Son service de Chine
Sur la commode en couleurs et en noir et blanc
Ses enfants lui sourient mais plus l’ombre d’un mari
 
Dans ses yeux brille encore l’espoir
De cet homme qui l’attend quelque part
Cet étranger qu’elle croit connaître par cœur
Tant elle en a rêvé, mais si elle l’avait manqué ?
 
Qu’elle est jolie dans son tablier rose
Taillé dans l’étoffe de sa vieille jupe à volants
Qu’elle est jolie, il n’y a pas si longtemps
Elle enflammait, étincelle, les pavés de Bruxelles
Il n’y a pas si longtemps
Et les rues s’en souviennent…
 
Un souffle d’air fait frissonner les voiles blancs
A sa fenêtre la fine odeur du printemps l’appelle
Elle aperçoit déjà parmi les boutons
Quelques fleurs écloses, peu à peu les lilas se réveillent
Elle aime tant ce moment, Madeleine
Elle vit pour le printemps !

 

 

 

© S. Palazzo - 2003

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